Le cœur de la crise réside dans cette dichotomie : la justice suit son cours, enquêtant sur des accusations d'une grande gravité (incluant des allégations de blanchiment d'argent et de trafic de bois de rose), tandis que les conséquences immédiates de la sanction financière retombent lourdement sur des milliers de familles dont la seule faute est de dépendre du Groupe pour leur subsistance. Comme le souligne un entrepreneur local, il est troublant de constater une indifférence, voire des réactions amusées, face à ce désastre humain. Ces chiffres représentent des vies entières basculant du jour au lendemain. Le moment est d'autant plus difficile à accepter que cette paralysie survient en décembre, période cruciale de préparation des fêtes et de la rentrée scolaire. L'incapacité pour ces parents de subvenir aux besoins essentiels et de garantir la sérénité de leurs enfants crée un choc émotionnel et social massif qui dépasse largement le cadre de l'entreprise. Les employés, sans lien aucun avec les faits reprochés, ont manifesté leur colère à Talatamaty, dénonçant un climat de peur et demandant le dégel immédiat des comptes pour garantir le paiement de leurs salaires et la protection de leurs droits fondamentaux, y compris le droit au travail.
Situation délicate
Face à cette paralysie opérationnelle, le Groupe Sodiat a émis un communiqué à l'attention de ses fournisseurs et partenaires, confirmant faire face à une "situation administrative délicate" due au gel temporaire de certains comptes. Le Groupe y reconnaît l'impact direct sur sa capacité à honorer certains paiements dans les délais habituels, et sollicite patience et compréhension tout en assurant de la mobilisation de ses équipes pour « rétablir la situation dans les meilleurs délais ». Cependant, pour les 4500 foyers concernés, la question n'est pas celle des délais de paiement des fournisseurs, mais celle de la survie quotidienne. La crise met en lumière l'enjeu crucial de dissocier la sanction individuelle de la survie des entreprises qui, au-delà de l'affaire Ravatomanga, demeurent d'importants pourvoyeurs d'emplois et un pilier, qu'on le veuille ou non, de la stabilité économique du pays. La voix de l'entrepreneuriat s'élève pour appeler à un juste milieu : laisser la justice suivre son cours concernant le PDG, dont le procès est déjà engagé, tout en évitant d'ajouter un traumatisme social inutile et d'une telle ampleur à une nation déjà confrontée à de nombreux défis. La pérennité du Groupe et la protection des emplois requièrent, selon les salariés et certains observateurs économiques, l'intervention d'un administrateur provisoire ou l'accélération des procédures pour identifier et débloquer les actifs nécessaires au maintien des activités et règlement des salaires. L'urgence est de trouver une solution rapide et transparente pour mettre fin à cette détresse sociale grandissante.








